The Tremolo Beer Gut

Mais qui le fuck sont-ils ?


Les inénarrables – mais qu’on va tout de même tâcher de résumer – Tremolo Beer Gut sortent ces jours-ci leur album blanc ! Nous sommes The Tremolo Beer Gut qui le fuck êtes-vous? est aussi plaisant et rigolo que le titre le laisse supposer.

C’est d’abord un groupe de potes, musiciens pros, amateurs de surf rock allumé, de série Z, et de bandes son ex(r)otiques. Chez The Tremolo Beer Gut, on aime par dessus tout la provoc à deux balles, les clins d’oeil appuyés vers le bon rock garage des sixties, les farces rock’n'roll – doigt levé, langue tirée, roulade épileptique sur scène – une certaine idée de l’Amérique, celle planquée dans les sous sols de l’underground, et les instruments déglingués, à condition que  le vibrato soit encore d’attaque et les pédales d’effet fassent immanquablement « wah wah »… Quand vous saurez que Sune des Raveonettes en fit partie, que Heavy Trash en est grand fan, et que les frangins de Powersolo ne louperaient pour rien au monde leurs prestations en terre danoise, alors vous tendrez l’oreille et vous aurez bigrement raison.

Comment est né le projet Tremolo Beer Gut ?

Yebo (batterie) : Le groupe est né d’une conversation que nous avions avec Sune, le guitariste d’origine. Nous étions assis dans un bus, évoquant le surf band danois The OK Kings qui venait de splitter, et qui avait tout : les morceaux, le style, l’attitude. La place était encore chaude et nous nous sommes dit : ok, jouer dans un groupe de surf est le job le plus mal payé qui soit, on risque la faillite et de vivre dans l’ingratitude, mais il faut que quelqu’un s’y colle. Nous avions tout planifié. On a griffonné quelques noms de guerre : The Chuck Norris 4, The Big Black Dix, The Musicians, mais on restait scotché sur The Tremolo Beer Gut, un nom qui, au passage, s’est retrouvé dans la liste des dix meilleurs noms de groupes, mais aussi dans celle des dix pires… dans le Austin Chronicle, lorsque nous avions joué au South by Southwest. Nous avons alors pensé que nous avions choisi le nom qui tue. Ou pas. J’ai ensuite suggéré que mon vieil ami Jengo rejoigne la bande, en tant que second guitariste, pour le volume merveilleusement élevé de sa Fender Jazzmaster qui s’intègrerait parfaitement dans le paysage sonore que nous envisagions.

Jengo (guitare) : Eh ben, jeune Yebo, tu aimes décidément cette vieille rengaine moisie !

Yebo : Ensuite, Sune a balancé : Il nous faut un Suédois. Ils sont bons dans le style garage ! Notre bassiste serait donc suédois. TBG a fêté ses dix ans, et notre bassiste est toujours suédois. Ce concept nous a pris 30 minutes dans un bus de tournée. Pourquoi ce fut Per Sunding – un tiers d’Eggstone – qui fut enrôlé, me diras-tu ? Je venais de faire sa connaissance dans les fameux studios Tambourine, et j’ai eu les couilles de l’appeler, et de lui demander de rejoindre le groupe. Et il m’a répondu ok, sans même écouter quoi que ce soit. J’ai alors pensé, soit ce mec a du nez… ou bien il est complètement naze.

Per (basse) : A l’époque, je travaillais en tant que serveur dans un bar à cocktail, et c’est pas du pipeau. Yebo m’appelle et me baragouine un truc. Je n’ai pas compris un traître mot. Le danois est une langue rude, et c’est un peu embarrassant de parler anglais entre nous. De toute façon, je n’aurais rien compris à cause de l’accent. Yebo et ses potes sont connus pour être les Sopranos du rock, et je me suis dit : Per, tu ferais bien de sourire et de dire oui. Trois albums plus tard, je ne comprends toujours rien. Comme quoi, sourire et acquiescer peut t’emmener très loin.

Yebo : TBG était supposé être un groupe récréatif essentiellement live, pas le monstre rock multi-platiné à travers le monde qu’il est devenu… Mais Per a à disposition un studio super équipé en matériel old school. Nous avions sous la main une flopée de bons morceaux. Nous sommes donc allés les enregistrer sur deux week-ends. On a embarqué mon grand frère pour s’occuper du son et, de fil en aiguille, il a co-produit le premier album. Il a également joué quelques parties de guitare. Quand, après l’album jaune, Sune fut trop occupé avec son propre groupe, The Raveonettes, nous n’avions pas à chercher bien loin un guitariste de remplacement…

Nalna (guitare) : TBG n’est pas et ne sera jamais un groupe qui passe des heures à répéter. Lorsqu’il y a un truc pourri qui se passe sur scène, le public a tendance à se retourner contre l’ingénieur du son. C’est la raison pour laquelle le groupe avait besoin d’un mec qui fasse peur à voir, juste pour s’assurer d’être respectés d’emblée. En fait, tout se joue au niveau du costume et de la cravate ! Quand tu écoutes attentivement nos disques, tu peux presque sentir le tissu du costard à 1 000 dollars, acheté spécialement pour l’enregistrement. Ensuite, lorsqu’on a joué au South by Southwest, Jengo ne pouvait se rendre au Texas. Alors j’ai pensé jouer ses parties guitare depuis la table de mixage. Mais deux jours avant le grand soir, il devenait évident que Sune n’avait pas l’intention de faire le déplacement. Yebo, Per et votre serviteur avaient un jour et demi de répétition en tant que trio. Et Thomas Troelsen des Superheroes s’est retrouvé aux manettes de la table pour le premier concert du TBG en trio. On a cartonné !

Après les formidables disques jaune, rouge et bleu, vous sortez enfin votre album blanc ! Pourquoi est-ce le meilleur et devons-nous nous précipiter pour l’acheter ? Une idée pour la couleur du prochain ?

Ils sont tous formidables à leur façon. Le rouge fut notre premier, et je pense qu’il a cette énergie du jeune groupe qui veut en découdre. Il a aussi ce joli son un peu pourri, partiellement dû à l’état d’ébriété avancée du producteur, carburant à la bière de Noël. Le jaune fut enregistré en mono et comprend des morceaux plus référencés musique de film. Le son sur celui-ci est particulièrement réussi, et certains titres sont devenus des standards qu’on joue encore sur scène. Mais c’est rien comparé au dernier… avec l’arrivée de Nalna Gigante à la guitare, nous devions nous surpasser. Alors, nous sommes passés du mono au dual mono, ou si tu préfères cette saloperie de stéréo. Encore un album au son exceptionnel, et Nalna s’est également mis à l’écriture. Le résultat est là. Un peu plus agressif et bagarreur, je dirais, avec des textes bourrés de gros mots, à l’instar du titre. On a mûri comme le mauvais vin, un peu aigre, nous sommes devenus plus forts. Ce disque est fait pour les Français, et c’est la raison pour laquelle vous devez absolument vous en procurer une copie. Le titre est en français, la chanson Zoo Bizarre, où Kim Kix des Powersolo vient mettre son grain de sel, l’est également. Zoo bizarre fait, au passage, référence au vocabulaire animalier lorsque les bêtes font ces bruits étranges, aux membres du groupe aussi… et enfin à un club de Bordeaux. La prochaine couleur ?

Jengo : Couleur arc-en-ciel, comme le drapeau gay serait du meilleur effet, à la fois frais et nouveau pour nous.

Nalna : Platine

Per : Saumon

Pourquoi existe t-il une photo officielle unique ? Vous avez un problème avec les photographes ?

Yebo : Au contraire, on adore les photographes. Nous sommes de véritables putes pour médias. On ferait n’importe quoi pour se retrouver dans les tablöïds. Nous reprenons à notre compte la phrase culte de l’écervelée Paris Hilton : Il n’y a qu’une chose que je préfère aux chiens, ce sont les sessions photos. Après avoir fait cette unique session et choisit LA photo, nous nous sommes demandés à quoi bon tenter de faire mieux. Cette pochette de disque est parfaite. Nous sommes si beaux dessus qu’il eut été idiot de changer de artwork, juste pour le plaisir de changer. C’est la raison pour laquelle, nous avons juste touché à la couleur. Nous sommes retournés une fois chez le photographe. Il eut été malhonnête de garder Sune sur cette photo alors qu’il avait démissionné. Nous avons de fait réengagé le mec, repris le même matériel – appareil photo, pellicule et lumière - la même position, et Nalna en lieu et place de Sune. Neuf ans sont passés entre les deux photos et c’est pourquoi Nalna est mon frère aîné, même si je suis né avant lui. La photo ne saurait mentir.

Per : C’est le contraire du Portrait de Dorian Gray. Nous vieillissons pour de vrai, mais pas la photo.

Les albums rouge et jaune comprenaient 17 titres. Le blanc n’en a que 14… Un cruel manque d’inspiration ?

Yebo : Tout faux Monsieur ! Tu parles de la version CD. Parce qu’on ne fait rien comme tout le monde, la vraie version est celle du vinyle, qui comprend 16 titres. Les heureux propriétaires pourront même télécharger librement des mp3. Et l’inspiration est toujours là !

Sur Nous sommes The Tremolo Beer Gut qui le fuck êtes-vous?, avez-vous fait appel à des invités prestigieux ?

Yebo : Oh que oui. Kim et son frangin The Atomic Brainchild, bref la totalité des Powersolo, comme évoqué plus haut, mais aussi The Micragirls de Finlande…

Nalna : L’année de l’enregistrement de l’album, Yebo et moi tournions avec Heavy Trash, en tant que backing band, à travers l’Europe. The Micragirls faisaient notre première partie et il devint évident qu’elles devaient participer aux hurlements de petites filles pour le Beer Gut. Après une prestation chaude et tardive, nous avons fait hurler The Micragirls comme jamais auparavant. Je crois qu’on peut en trouver la trace quelque part sur youtube.

Per : Magnus Svenningsson, plus connu pour être le bassiste des Cardigans, a une voix si profonde qu’il fait trembler tes couilles. Un truc sur lequel construire une carrière. Lui et quelques autres aristos du rock nous ont régulièrement rejoints sur scène, en temps que équipe B, pour chanter, danser ou jouer de la mandoline. Ca semble fou mais c’est vrai. Les rock stars feraient n’importe quoi pour être vues avec les Tremolo Beer Gut. Toujours est-il qu’ayant hanté si souvent l’équipe B, on a eu la bienveillance de l’engager sur ce disque. Nous avons spécialement écrit une partition pour sa voix. C’était effrayant. Personne dans le groupe ne s’est aventuré sur une tessiture aussi basse. Depuis, il pense que nous sommes super potes et nous appelle sans arrêt. Parfois, je le vois planté à attendre dans le jardin…

Yebo : Enfin, cette autre personne admirable qu’est Bas Morgansen est venue jouer quelques belles parties de farfisa sur Delrium Tremolo. Ce type, avec qui on a eu de vraies parties de plaisir, est impayable. Il portait un temps une cape réalisée à base de peau de saumon, appelée laxskeps. Il vient de temps en temps jouer de l’orgue pour nous sur scène et remplace tel ou tel sur différents instruments. Je ne l’ai pas revu depuis un concert à Beil en Suisse, où il avait remplacé Per en faisant moult aller-retours en double neck sur la basse. Il nous manque. Que deviens-tu Bas M. ?

Qui vous inspire ? Je veux des noms, même obscurs !

Tous : The OK Kings bien sûr, John Barry. Ennio Morricone, Beach Boys, The Cramps, Joe Meek, Jon Spencer’s Blues Explosion, Henry Mancini, Lalo Schifrin, The Pixies, Wanda Jackson, Dead Bolt, Link Wray, Sonics, Duane Eddy, The Kinks, Scnuckenack Reinhardt, Boo Diddely, Spike Jones, Blue Phantom…

Après votre set au festival Spot, vous avez osé un rappel, premier rappel auquel j’assiste en six années de festival ici au Danemark ! Vous avez eu des soucis après coup avec les organisateurs. ?

Yebo : Non. Une lampée de Jameson à la bouteille, et l’affaire était réglée.

A quoi ressemble une session studio avec les TBG ? Une grosse fiesta ?

Yebo : Non, il y règne une certaine discipline. Nous jouons vite et bien et faisons des expériences sur les sons. Les morceaux sont à 99 pour cent écrits au moment de les enregistrer. On a besoin généralement d’un week-end, puis d’un autre pour les dubs, et le cas échéant réenregistrer les parties effacées par une main maladroite… Un troisième week-end est consacré au mixage. La fiesta a lieu durant les tournées. Comme évoqué plus haut, on ne répète jamais. Alors quand on se voit, c’est une partie de rigolade. Nous sommes bons amis, et tourner est devenu comme une célébration. Il est si agréable de jouer dans ce groupe, et j’en ai fait quelques-uns… En dehors du lit double, il n’y a pas d’occupation plus réjouissante. Ca, ou peut être jouer du banjo pour Willie Nelson.

Comment voyez-vous ce groupe aujourd’hui. Est-ce davantage qu’une récréation pour vous tous ?

Yebo : C’est un appel.

Yebo, tu es Monsieur Crunchy Frog, celui qui le premier a signé The Raveonettes, Junior Senior, Powersolo ou les inoubliables Superheroes. Tu as probablement vécu des hauts et des bas à la tête du label. Quel est ton souvenir le plus fort, et ce dont tu es super fier ?

Yebo : Il est dur de répondre à cette question. Et tu le savais, mais tu la poses quand même, espèce de rat, On a connu des années folles entre 2002 et 2004 lorsque nous avons rencontré le succès mondial avec Junior Senior et The Raveonettes. Les Tremolo Beer Gut n’ont pas profité de ce tourbillon, tout occupé que j’étais à tourner avec les groupes précités. Le succès rencontré pour ces deux disques, je ne me l’explique pas, parce que nous avons produit ces disques exactement de la même façon que les autres chez Crunchy Frog. Ce fut sans doute un gros coup de chance, le timing idéal et un petit peu d’habileté de la part du label. Mais je suis également fier de quelques disques qui n’ont pas eu le même destin, et ont trouvé une audience fervente quoique modeste. Girls, l’album de Beta Satan, par exemple, est pour moi un chef-d’oeuvre. Le premier album de Lars and The Hands of Light – ndlr. signé en France chez Platinum -, réalisé cette année, est aussi dans la liste des productions dont je ne suis pas peu fier. Thee Attacks sont incroyables. Notre prochaine signature The Malpractice, est tout bonnement super classe ! Je suis admiratif de Powersolo, et de sa foi sans faille pour sa musique, heureux d’avoir signé Heavy Trash sur Crunchy ou bien le troisième album, celui de la reformation de 18th Dye’s. Mais ce dont je suis le plus fier, c’est peut être bien le fait que, malgré la crise, des années de domination de la musique électronique, l’industrie qui se barre en couille… Crunchy Frog soit encore debout. Fier enfin d’appartenir aux Tremolo Beer Gut, qui jouera encore lorsque tout le monde aura splitté et Crunchy Frog sera devenu un tas de cendre.

Pas encore de distribution en France pour Nous sommes The Tremolo Beer Gut qui le fuck êtes-vous? Quel est le meilleur moyen de se le procurer ?

Yebo : Le moyen le plus difficile est de monter une structure et de le distribuer en France. En attendant, je recommande, la façon la plus simple. L’album est disponible via notre site web, où les lecteurs d’Abus Dangereux pourront obtenir toutes les informations à connaître au sujet de leur nouveau groupe préféré, Le T, le B et le p… de G.

Franck Ducourant

The Tremolo Beer Gut : Nous sommes The Tremolo Beer Gut qui le fuck êtes-vous? – Crunchy Frog

http://www.thetremolobeergut.dk/NewSite/default.aspx
http://www.myspace.com/crunchyfrogdk

Cette entrée a été publiée dans Articles, FACE-115, News, avec comme mot(s)-clef(s) . Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>